LA MAITRISE DU BATEAU

Diriger sa Yole

Le bateau libéré, nous allons tâcher de le diriger dans la direction où nous voulons aller.

Réglons d'abord son compte au gouvernail: en fait, sans erre (c'est à dire sans vitesse), étant donné la mobilité qui le caractérise, il peut chercher à se libérer de ses aiguillots et fémelots et partir à la dérive. Pire, il pourra couler, entraîné par ses ferrures -en bronze si possible (nouvelle plongée en perspective).

Pour éviter cela, le brigadier arrière aura veillé à ce qu 'un bout (encore un) soit gréé en sauvegarde et relie le gouvernail à l'arrière du canot.

Gouvernail, Safran, Barre Franche, ...

Tire-Veille

Le plan du gouvernail qui travaille dans l'eau s'appelle le safran. Il est tout entier sur l'arrière de son axe.

On le manœuvre soit avec une barre franche, qui vient se capeler (s'enfiler) sur la tête du gouvernail, ou s'engager dans une mortaise, soit avec des tire-veilles, notamment lorsqu'on marche à l'aviron ; il s'agit de deux bouts qui actionnent une sorte de barre transversale capelée elle aussi sur la tête du gouvernail.

Remarquons bien que la barre ou les tire-veilles ne commandent pas le gouvernail de la même manière.

Quand on met la barre d'un bord, le gouvernail, qui est dans le prolongement, vient du bord opposé ; par contre, lorsqu'on tire sur un des bouts du tireveille, le gouvernail vient du même bord. Quand le bateau à de l'erre en avant, les filets d'eau qui glissent le long de la coque frappent le gouvernail qui fait résistance. Il y a gauchissement du plan de dérive, l'arrière dérape du bord opposé et l'avant tend à se diriger dans la direction voulue…

Barre franche et Tire-veille

Ne comptez pas trop sur le gouvernail seul pour réussir de belles manœuvres, surtout qu'il s'agit ici d'un safran de taille réduite et d'un bateau à quille très longue, délicat à faire évoluer.

 

Mais le patron dispose, avec ses nageurs, de deux moteurs latéraux, dûment munis d'accélérateur, de ralentisseur et d'inverseur de marche. Quel bonheur de régler tout cela, en respectant les temps de réponse du bateau et de ses propulseurs : pour cela, il faut apprendre à sentir les rythmes de l'équipage.

Dans un premier temps, tâchons d'abord d'éviter les cafouillages, avant de réussir plus tard de belles manœuvres " en grand style ".

Les matelots, tournés vers l'arrière du bateau, font travailler leurs avirons du côté (on dit justement le bord) opposé à celui où ils sont assis. Ceux qui assurent la propulsion tribord s'appellent " tribord ", ceux qui assurent la propulsion bâbord s'appellent " bâbord ". Tribord, c'est le coté droit en regardant vers l'avant, bâbord, le coté gauche.Dans quelque sens qu'on se tourne ou que le bateau évolue, tribord reste toujours tribord, et bâbord aussi… !

 

Le commandement " avant partout " est le signal d'usage pour " mettre en route ". Chacun se penche, ramenant la poignée de l'aviron sur l'arrière ; du même coup, les pelles sont envoyées loin sur l'avant, prêtes à tirer. Autre commandement de base : " endurer " : continuer à faire route en douceur. Bien sûr on peut aussi freiner à l'aide des avirons ; soit en laissant le bateau courir sur son erre : " Lève-rames ", soit en l'arrêtant : cela s'appelle " pelle dans l'eau " ; enfin on peut même " battre en arrière ", cela s'appelle " scier ".

 

En modifiant, voire en inversant la propulsion d'un bord, le patron de la yole la dirige avec précision, en anticipant ce qu'il faut ses réactions. Cet apprentissage de la manœuvre prépare déjà disent les professionnels, à la conduite des grands navires, comme nous le dit en préambule Patrick Chalmeau, commandant du fameux ferry Napoléon Bonaparte de Marseille.

 

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