Un voile-aviron est une embarcation légère et vive. Il est difficile au barreur de lâcher sa barre. Le frein de barre lui donne la liberté nécessaire pour faire marcher son bateau.

Une des difficultés de navigation en voile-aviron est de devoir faire beaucoup de chose à la fois : une main pour se tenir quand ça remue fort, une pour l’écoute de grand-voile qu’il faut larguer vite en cas de rafale, une pour la carte ou le gps, une pour régler le foc, étarquer la drisse ou régler la dérive, une pour le sandwich ou la gourde, une pour saluer le bateau de rencontre (à l’aviron, c’est pas évident !), une évidemment pour la barre, et encore deux pour les avirons. Bien sûr on a pas besoin de toutes ces mains en même temps, mais tout de même ce n’est pas facile, et même franchement pas simple quand on navigue en solitaire. Sur un bateau ponté plus lourd, on peut mettre l’écoute au taquet et barrer avec le pied. Sur un voile-aviron c’est plus compliqué !

La barre d’un voile-aviron est très mobile, lâchée, elle peut partir sous le vent hors de portée du barreur qui doit rester au vent ; lors d’un virement de bord, elle peut prendre une position qui arrêtera la giration ou au contraire l’amplifiera à l’excès pendant que le barreur s’occupe de son écoute et de déplacer ses fesses de l’autre bord ; lors de la nage, elle peut tomber d’un bord ou de l’autre entraînant le bateau dans des zig-zag qu’il faut corriger avec les avirons. La solution, c’est un dispositif de frein ou de blocage de barre.

Dans son livre « The Dinghy Cruising Companion », Roger Barnes présente un dispositif de frein de barre conçu par John Huntingford. Sur mon Mesker, j’ai amélioré le dispositif (on peut toujours se croire meilleur que les autres !) et je vous le présente ici.

Le principe général est simple, un bout traverse l’arrière du bateau. Il passe en double dans un œil fixé sous la barre. Un crochet permet de le fixer à un sandow tendu vers l’arrière. Dans le cas de Mesker, le sandow vient dans un taquet existant sur le côté de la tête de gouvernail, ce qui contribue aussi à maintenir la barre dans la mortaise. Il faut que la tension soit variable. A l’aviron ou souque fort et la barre peut être immobilisée à l’axe, ou légèrement d’un bord pour compenser un vent latéral. A la voile on règle plus doux, le minimum pour pouvoir lâcher la barre et qu’elle reste à sa position le temps d’un virement, d’une manœuvre à l’avant, tout en conservant une sensibilité de barre suffisante. En général, il faut augmenter la tension quand vent et mer se lèvent. Il est possible de laisser le dispositif en place en permanence, sinon on ajouterait encore d’autres manœuvres ! Roger Barnes, sur son Ilur, règle la tension du sandow avec un petit palan le long de la barre. Ma solution consiste à régler en agissant sur le cordage transversal, qui se prolonge de chaque bord le long du bordé. On peut alors régler d’un bord ou de l’autre, ce qui permet de le faire même en étant au rappel au vent. Le dessin et les photos sont je pense assez explicites et chacun pourra adapter en fonction de l’arrangement de son bateau. L’œil sous la barre est un piton en inox. Pour éviter d’avoir un écrou, il est coupé et collé sans ressortir sur le dessus.

Sur une coque un peu lourde, avec une quille longue et un gréement divisé, on peut espérer laisser le bateau se barrer tout seul, au moins dans des conditions favorables. Avec un voile-aviron léger à dérive et un gréement de misainier, c’est nettement plus aléatoire. L’ambition est essentiellement de pouvoir lâcher la barre un moment suffisant pour faire ce que l’on a à faire !