Samedi 27 mai 2000.

Force 4 établi, 6 à 7 dans les grains ou risées. Port du gilet obligatoire pour tout le monde.
Chef de bord : Pierre NICOL et 8 équipiers
Départ 15 heures 2 ris dans le taille-vent, 1 ris dans la misaine.
La navigation se passe à larguer des ris et à reprendre des ris en fonction des conditions météo du moment, conditions instables. Bien équilibré le bateau a un comportement sain.

Le réglage de la misaine pause quelques soucis en raison du cabillaud trop proche du Clin. Avec un espace insuffisant, le cabillaud ne faisant plus son office, l’écoute, sous la pression du vent dans la voile, jaillit de son logement, le point de tire remonte rapidement et tenir la misaine dans ces conditions devient difficile. Pour palier ces difficultés, il est choisi de faire comme par petit temps, avant de lover l’écoute au cabillaud elle passe sous un banc.

Les avirons sont rangés sur bâbord et tribord et sécurisés dans leurs mouvements au moyen d’un bout. Les avirons suivent les mouvements du bateau et ont tendance à venir s’appuyer sur le plat-bord, coinçant ainsi l’écoute de misaine passée sous le banc. Les manœuvres, bien que gênées à cet endroit se passent normalement. Quelques virements sont incertains en raison du manque d’expérience de l’équipage.

Marion demande la barre à Pierre qui avant de la lui confier prend le temps et le ton nécessaire pour lui montrer le maniement. Pierre reste à son poste de chef de bord, gère l’écoute de taille-vent et supervise Marion à la barre. En face de la plage de Mesnil Saint Père, nous tentons et réussissons tous à nos différents postes un virement de bord.

Nous faisons route ver le CNHS, une survente nous cueille sur bâbord et couche le bateau sur tribord, quand l’ordre de choquer arrive, il est déjà trop tard, le bateau continue de se coucher sur tribord. Là il se stabilise quelques instants, puis fait chapeau. Nous nous comptons, tout le monde est sur la coque retournée du bateau. Excellent comportement de l’équipage et du chef de bord, le souci premier étant la sécurité de tous.

La solidarité sur le plan d’eau est également de qualité. Deux croiseurs nous apportent immédiatement leur aide et assistance. Nous avons pu très vite évacuer les enfants, Claude et Hayet. Nous restons à 5 pour remettre le bateau à l’endroit, la manœuvre est déconcertante de facilité. Les réserves de flottabilité étant insuffisantes nous ne pouvons rester les 5 sur le bateau. Sophie et Bernard sont recueillis par M et Mme ABGRALL ponton B place 32. « Audace » est prise en remorque et ramenée sur la plage de Mesnil Saint Père. Pendant ce temps Sophie et Bernard parcourent la zone pour récupérer ce qui peut l’être.

Sur la plage la solidarité est toujours de mise, chacun fait sa part pour écoper, sécher les voiles, ranger le bateau. De la même manière, les rôles se distribuent naturellement pour rapporter le matériel à la capitainerie et ramener « Audace » au ponton. Toutes ces tâches se passent dans la bonne humeur.

« Audace » s’est très bien comportée dans cette aventure et a toléré beaucoup d’approximation de l’équipage. Les conditions de navigation sont instables, l’équipage est inexpérimenté, mais Audace est bien équilibrée et son comportement reste sécurisant, à aucun moment, jusqu’au chavirage, les mouvements du bateau ne sont intempestifs.

Cette mésaventure doit nous amener à prendre conscience que même en sécurité sur un bateau, nous ne devons pas oublier les règles de base. Une écoute doit rester à la main, encore faut-il pouvoir le faire, possibilité remise en question par la position du cabillaud. Un programme de travail plus rigoureux doit faire également partie du plan de navigation de la yole « Audace ».

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YOLE AUDACE
Dessalage de la yole le samedi 27 mai à 15h30
Rapport du chef de bord : le 5 juin 2000.
Conditions météorologique: Temps ensoleillé alternances de nuages et d’éclaircies. Vent de secteur ouest force 3/4 Beaufort avec rafales sous les nuages.
Equipage : Chef de Bord et 8 équipiers

Objectif de la séance, prise de ris et gambeyage.

Sortie du port, 2 ris dans le taillevent et 1 ris dans la misaine, navigation tranquille et le vent mollit. Nous larguons les ris et filons au travers tout dessus premier virement de bord difficile, puis les manœuvres se font plus aisément. 2° prise de ris dans les voiles 2 ris dans la misaine et 2 ris dans le taillevent. Re-larguage des ris et commençons remontée au vent. Marion à la barre, Erwin à l’amure de misaine, Claude à l’amure de taillevent, Bernard à l’écoute de misaine, Sophie au gambeyage de la misaine, Hayet au gambeyage du taillevent et moi-même à l’écoute du taillevent. Nous filons bâbord amure et les rôles changent, Sophie se retrouve à l’écoute de misaine. Une survente importante nous surprend et le bateau prend un furieux coup de gîte. Nous embarquons de l’eau par dessus le bordé tribord et je donne l’ordre de choquer la misaine. Malgré les efforts de l’équipage, l’écoute de misaine reste coincée sur son cabillaud et le bateau se couche sur le flanc. L’équipage se retrouve à cheval sur le plat bord du bateau et Erwin et moi, sautons à l’eau pour retirer les vergues des rocambeaux. Je retourne le bateau pour mettre l’équipage au sec sur la coque retournée. 2 habitables naviguant nous portent assistance en embarquant les femmes et les enfants (d’abord).
Nous restons à 3 personnes pour remettre la yole à l’endroit et tenter d’écoper avec des écopes. Le vidage de la yole sur l’eau avec un peu de vagues s’avère impossible car le liston se trouve trop bas sur l’eau. Nous décidons de nous faire prendre en remorque jusqu’à la plage de Mesnil St. Père ou nous vidons plus facilement le bateau. Pendant le trajet, nous avions tout le matériel à bord ainsi que 3 personnes sans que le bateau ne sombre ce qui dénote une bonne insubmersibilité. Je regrette toutefois qu’il nous manque les quelques litres de flottabilité nous permettant de vider le bateau sur l’eau.
En tout état de chose, je savais que les cabillauds ne pouvaient être utilisés normalement et j’aurais du prendre l’initiative d’annuler la sortie car la navigation sans misaine est impossible sur ce genre d’embarcation.

Pierre Nicol.