C’était un 14 juillet…dans le golfe du Morbihan

On sait qu’une yole de Bantry cela peut chavirer. Oui on le sait, on avait même un peu entendu parler d’un manque… d’Audace qui connut pareille aventure.
Oui mais la nôtre, la Yole Morbihan, on avait bien fini par penser qu’elle ne nous lâcherait pas. Aussi, on avait même envisagé un dessalage volontaire, en été…peu vêtus…quand tout le monde serait d’accord.. ;
Oui bien sûr, il y a quelques temps, du coté de Lorient on l’avait déjà bien remplie d’eau salée dans une vague du Ferry de Groix venu voir d’un peu près la tête du chargé des com. qui la veille à la V.H.F, avait à sa manière remercié ce même bateau à passagers pour la fourniture de vagues d’étrave.
Morbihan avait certes mouillé ses occupants, (sauf le chef de bord réfugié sur la queue de malet) ; sacrifiant toutes les bouteilles d’eau à bord (au moins deux) on a longtemps écopé jusqu’à retrouver un peu de flottabilité.
Puis il y eu ce 14 juillet 2006…
L’ambiance du pique nique de midi a été fort bonne, le vent est établi à 2, voire 3, nous sommes en secteur connu à proximité de l’Ile aux Moines. Les voiles sont bordées un max à plat , il faut passer au près la prochaine pointe de l’Ile… et qui c’est le con qui dans cette parfaite atmosphère de saine détente et de grande convivialité post repas de midi envoie une claque qui pousse le bateau au tapis ?
Le chef qui voit l’eau entrer dans les premières portières, gueule qu’il faut tout choquer…. Il faut quoi ?… à oui choquer… les ensommeillés font déjà un rêve humide, le bateau continue d’embarquer, les écoutes plus que mal tournées sont tout sauf choquées (ce qui est somme toute assez logique…), les voiles sont en partie dans l’eau, les premiers équipiers itou ; il s’est écoulé environ trente seconde. Le chef a dit 15, mais c’est moi qui écris et j’accorde trente.
La Yole tel un banal dériveur est couchée sur l’eau, elle montre ses longs dessous aux nombreux « Tupperware » motorisés qui hantent le golfe en été et qui intrigués par l’allure insolite de notre prestigieux voilier se sont approchés pour proposer une aide…qu’on ne refuse pas.
Il faut garantir la sécurité des équipiers et petit à petit, tous les gilets de sauvetage sont passés il est encore possible de prendre appui sur l’embarcation couchée, le gilet à déclenchement automatique que portait le plus jeune passager se gonfle dans un bruit de pétard mouillé et l’effraie davantage que la situation.
Les femmes et les enfants (c’est juste pour la formule) ont trouvé refuge sur les embarcations voisines et les opérations de relevage du bateau s’organisent .Les voiles après quelques apnées sont désolidarisées des mâts et le bateau se relève…merde il ne flotte pas vraiment, les portières centrales sont sous l’eau et descendre les mats se révèle dans ses conditions être un exercice plus que délicat, auquel se livrent les meilleurs d’entre nous, qui ne sont pas nécessairement les moins lourds. Alors on remet tout le monde à l’eau, le bateau ne flotte toujours pas suffisamment pour le vider et il faut se rendre à l’évidence un remorquage à terre est nécessaire.
A terre précisément, c’est de la vase, de la bien noire, celle qui fait des « pshuitt » entre les orteils et qui de temps en temps recèle quelques coupantes coquilles d’huîtres des parcs voisins qu’il convient de respecter en tout circonstance.
On rassemble le maximum de choses, c’est-à-dire pas grand-chose des effets personnels, mais pratiquement tout ce qui permet de gérer le bateau.
Les seaux ont une propension extraordinaire à fréquenter les bas fonds, surtout lorsqu’ils ne sont pas attachés, bon il y a un peu de matos chez les voisins qui sont de plus en plus nombreux, ils ont même invité la S.N.S.M. Un ami belge qui navigue en nord Bretagne entend un avis du cross d’Etel selon lequel la yole Morbihan est entrain de sombrer.
Certes on a connu plus enviable comme situation, mais la température de l’eau plutôt bonne en cette saison minimise le coté difficile de l’affaire.
On n’a perdu personne et c’est l’essentiel, on a perdu plein d’effets personnels et il est à craindre que quelques vareuses, portables et autres ne refassent pas surface. Le sac étanche d’un digne représentant de l’association contenait un gilet auto gonflable, qui au bout de quelques temps à joué son rôle et a gardé ainsi le sac et son contenu à la surface, sauvant du naufrage un possible salut au Moine. (On en parle à chaque récit, c’est pour conjurer le mauvais sort).
Nous, on a conservé le moral et nous avons rejoint notre lieu de rendez- vous (à la voile…)
au chantier du Guip (Ile aux Moines) pour son vingtième anniversaire. Le retour s’est effectué vers minuit…à l’aviron.

De ce récit qui se veut quelque peu humoristiquement distancié avec le caractère sérieux de l’incident, on peut quand même tirer quelques enseignements.
Le premier serait de ne plus s’auto persuader que le chavirage de la Yole de Bantry est de l’ordre de l’exceptionnel. Les conditions de cette sortie frisaient l’ordinaire, il s’agit bien du cumul de petites choses qui conduit à cette situation.
Les réserves de flottabilité ont tout leur intérêt, même encombrantes, certaines matières s’usent et se transforment au contact de l’eau en une purée qui a pesé dans l’affaire.
L’analyse conduite par les éminents membres du bureau, ainsi que les dispositions à prendre sont consignées dans le rapport joint à cette historiette.
Je fais plus que vous inviter à le lire.
Benouno